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Quand la saison s'achève...

par Laurent, le 1 déc. 2018 - Au rythme des ruches...

C'est une magnifique arrière saison que nous avons pu apprécier fin octobre. Mais une fois le froid, le vent et cette petite pluie fine, si particulière à la Bretagne, installés, les abeilles sont rentrées, tapies bien au chaud entre les cadres de leurs ruches, enfin occupées à consommer le miel qu'elles ont consciencieusement accumulé jusqu'en automne. J'ai donc fait l'hivernage des ruches à la fin d'octobre et certainement un peu tard du coup : je pensais que le soleil allait être synonyme de réserves abondantes... La pesée des ruches m'a détrompé et il a fallu immédiatement réagir.

Dans ce récit de mon dernier tour de visite au rucher, je vais détailler les quelques précautions que j'ai prises afin de m'assurer que mes protégées passeront un hiver sans trop de problèmes.

L'hiver n'est pas forcément une période très rude pour les abeilles. Regroupées en une sorte de boule ("la grappe") répartie entre les rayons, elles vont se tenir mutuellement chaud, profitant de l'inertie thermique des réserves de miel. Les abeilles en périphérie de cette boule vont vrombir et ainsi produire de la chaleur pour les autres de l'intérieur. Régulièrement, relevées par celles du centre, elles redescendront pour se nourrir et se reposer. Cependant, pendant 4 à 5 mois dans le meilleur des cas, elles ne donneront que très peu d'indices de leur état de santé. Cette période est généralement "fraîche" et l'apiculteur ne pourra ouvrir les ruches que dans de très rares conditions. L'idéal est donc de préparer les colonies et les ruches à l'hivernage et ainsi minimiser le risque d'incidents. 

Généralement, je commence par installer les grilles d'entrée sur les ruches. C'est la première ligne de défense. Pendant la période hivernale, les abeilles vont être peu nombreuses, très peu actives car ralenties par le froid. Elles seront donc particulièrement vulnérables. La ruche est en effet un endroit confortable pour les souris, escargots et autres indésirables : à l'abri, avec de la nourriture à disposition, que demander de plus pour hiberner ? La grille d'entrée empêche donc leur squat. De plus, en réduisant la largeur de l'accès, la grille a l'avantage de favoriser la défense contre d'autres insectes comme les guêpes, voire les frelons, mais également les autres abeilles. Le pillage est en effet, une pratique régulièrement utilisée pour finaliser les dernières réserves à un moment où il n'y a plus beaucoup de fleurs.

J'ajoute également une lourde pierre sur les toits des ruches. Un fort coup de vent peut renverser les ruches les plus légères : outre l'exposition aux intempéries, le miel qui coule et autres catastrophes, les cadres peuvent, dans leur chute, écraser des ouvrières voire la reine et ainsi provoquer des dégâts irrémédiables. J'ai ainsi perdu une colonie, il y a deux ans, et depuis je n'hésite plus à mettre des parpaings. C'est inesthétique mais efficace.


J'ai profité d'une belle journée pour faire la dernière évaluation de la force des colonies et des réserves. Si le temps ne le permet pas, une balance pour peser les valises (50kg) est très pratique. Je pèse le côté droit que j'additionne à la pesée du côté gauche (devant-derrière fonctionne aussi). Si la ruche fait moins de 40 kg, il faut la nourrir au sirop "lourd", obtenu en faisant dissoudre 700g de sucre dans 300g d'eau mise à chauffer. Fin octobre hélas, c'était tard pour le sirop : je craignais que les abeilles n'aient pas le temps d'en faire du miel. Il aurait moisi au fond des alvéoles. J'ai donc mis très en avance (diront les puristes) un pain de sucre sur la ruche "Papillon". Au moins, elles ne mourront pas de faim. Si elles n'en ont pas besoin, elles ne s'en serviront pas.


Cette année, j'ai mis les plateaux d'hivernage sous les ruches. Une fois de plus, c'est très discutable et discuté : la ligne dure des apiculteurs prône l'absence de ces plateaux qui retiendrait à l'intérieur un fort taux d'humidité et favoriserait le développement des moisissures sur les cadres. Les progressistes admettent les bienfaits des plateaux pour le redémarrage des colonies à la fin des froids. Les libertaires défendent l'idée de protéger les colonies en créant une certaine inertie thermique.

Je n'ai pas de religion en la matière mais en Bretagne, il fait souvent entre 8 et 10° en hiver : il y a donc du couvain pratiquement en permanence qui souffre quand il y a des coups de froid ou pire, des coups de vent glacial. L'année dernière, j'avais beaucoup de larves mortes sorties par les ouvrières lors des journées ensoleillées et je considère que ce n'est pas très bon d'avoir du couvain mort dans ses cadres. J'essaye donc cette année cette technique et j'en tirerai les conclusions au vu des résultats.

Les "girls" sont donc maintenant à l'abri, j'espère au chaud, j'espère avec de bonnes réserves, pour cette traversée du désert hivernal pendant lequel elles ne donneront que très peu de signes de leur état de santé. En attendant, allons prendre un bon lait chaud avec du miel dedans pour nous réchauffer après ces quelques travaux...



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